Le courage, c’est oser se poser les bonnes questions ?

Extrait de Manager avec courage – Jean Paul Lugan, Philippe Ruquet – Edition Eyrolles

Le courage commence dans une démarche intellectuelle : oser se poser les bonnes questions pour ne pas confondre la destination, l’objectif à atteindre et le chemin, tracé à partir de méthodes et de moyens.

Le courage touche vite à une dimension mentale et émotionnelle : qu’est-ce qui nous prépare à nous poser ces questions, et surtout à écouter les réponses qui font mal, celles qui sont enfouies au fond de nous, et que nous évitons soigneusement de faire resurgir en espérant nous préserver de leurs effets. Ces effets nous atteignent-ils quand nous nous dissimulons les réponses, ou au contraire lorsque nous tentons de trouver des solutions à nos difficultés ?

« Élevé dans une famille de juristes reconnus, la gloire de mon père fut un lourd fardeau à porter car ma voie était de facto tracée. Conscient de l’ennui que je ressentais à suivre cette filiation, j’ai accompli des études de droit évitant soigneusement de me poser des questions qui auraient pu mettre à mal l’amour et les projets que me portaient mes parents. J’ai travaillé pendant quinze ans dans un cabinet d’avocats, rentrant tous les soirs accablé par le désespoir d’une vie qui ne m’appartenait pas. J’allais au travail à reculons souffrant au quotidien d’un choix que je n’avais pas fait. Tous les jours, je me disais que j’allais changer, mais la peur d’affronter ma famille m’empêchait de changer quoi que ce soit. J’en étais devenu irascible. Mon corps et mon coeur payaient le prix de cet égarement », nous confia Pierre, responsable d’un atelier de menuiserie d’art.

Le courage touche aussi à une dimension physique ; car si nous sommes maintenant « prêts » à répondre aux sollicitations de notre esprit et de notre coeur, si nous avons compris, accepté, intégré que c’est la seule démarche qui nous permettra d’évoluer positivement et vers plus de sérénité, il ne suffit pas encore de penser, et de dire. Il faut maintenant faire, il faut mettre en oeuvre, il faut gérer avec le corps. Il faut prendre notre courage à deux mains pour surmonter cette douleur qui nous vient des tripes, lorsque nous voulons réellement dépasser cette situation qui nous est difficile depuis si longtemps, et que nous repoussons tous les jours.

Prendre une décision n’est pas qu’un processus intellectuel, elle a aussi une véritable dimension émotionnelle et corporelle qui doit être intégrée dans le projet et sa réflexion, pour ne pas avoir de regrets, ne pas dériver dans la frustration de ne pas avoir fait ce que nous voulions faire. C’est là un véritable acte de courage qui prend toute son essence.

« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas que les choses sont difficiles »
(Sénèque).

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